Cinéma

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Ballet en 3 parties

Première : le 5 mars 1953 à l’Opéra de Paris

Musique : Louis Aubert

Argument (ou livret) : René Jeanne

Décors et costumes : Louis Touchagues

Principaux interprètes : Youly Algaroff, Max Bozzoni, Lycette Darsonval, Liane Daydé, Paulette Dynalix, Serge Lifar, Michel Renault, Nina Vyroubova

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« Pour Cinéma, qui n’a jamais prétendu être un album de photographies hollywoodiennes, comme certains l’ont cru, je me suis inspiré doublement de Septuor et de Blanche-Neige. Du premier en ce qui concerne la transposition des personnages sur un plan symbolique ; du second pour tout le côté féerique de la chorégraphie ; féerie 1953, si l’on veut !

Le ballet ne dispose que d’un nombre limité de sujets : la danse ne peut rien raconter ; l’émotion est son domaine, une émotion qu’elle transfigure, qu’elle utilise pour créer ses symboles plastiques. Car la danse peut-elle être autre chose qu’une succession de symboles tracés dans l’espace et dont la puissance de suggestion mesure la pensée du choréauteur ?

Le sujet de Cinéma est simple : une jeune fille, séduite par les attraits de Hollywood, renonce à la danse, puis revient à son art pour triompher dans le ballet de l’Opéra. Devaient d’abord figurer des personnages connus, concrets : Charlot, Greta Garbo, Marlène Dietrich, etc. N’était-ce point, d’une manière ou d’une autre, tomber dans le pastiche, alors que la parodie n’a jamais été un moyen d’art ? C’est pourquoi, dépouillant les personnages de tous leurs traits particulièrement humains, j’ai préféré ne conserver d’eux que le généralement, l’universellement humain, tout ce qui les entoure d’une auréole de légende et les fait pénétrer dans une mythologie nouvelle, conforme à notre sensibilité, soumise à l’épreuve du temps et de la stylisation. Il n’y a plus de Charlot, de Garbo, ni de Dietrich, mais un Vagabond, une Divine et une Vamp, personnages universels, détachés et susceptibles de trouver dans la danse une désincarnation définitive.»

Serge Lifar, Le livre de la danse, Les Editions du Journal Musical Français, Paris, 1954 (pp. 209-210)