Variations

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Ballet romantique en un acte

Première : le 11 mars 1953 à l'Opéra de Paris

Musique : Moments musicaux de Franz Schubert orchestrés par Tony Aubin

Argument (ou livret) : Serge Lifar

Décors et costumes : Félix Labisse

Direction musicale : Robert Blot

Principaux interprètes : Lycette Darsonval, Madeleine Lafon, Micheline Bardin, Christiane Vaussard, Liane Daydé et Nina Vyroubova (par ordre d’entrée en scène) étoiles de l’Opéra de Paris à la date de la création

Une septième variation fut ajoutée par la suite après la rentrée d’Yvette Chauviré.

Pour ce ballet de pure technique, Serge Lifar avait su mettre en valeur les qualités propres à chacune de ces ballerines.

Dictionnaire du ballet moderne, Fernand Hazan, Paris, 1957

Equivalent féminin de Grand Pas

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« Six Fées de la Danse se réunissent pour évoquer pour nous l'époque romantique.

Chacune nous traduira selon sa sensibilité et son caractère personnel une figure rigoureusement pure de notre Danse Académique.

Elles sont symbolisées par des fleurs, toutes différentes, chacune ayant son parfum et chacune nous donnant à travers lui le meilleur d'elle-même. Dans le cadre des « Pas et des Lignes », elles feront revivre leurs émotions, s'efforçant de nous les communiquer.

« La Danse qui danse ». Autrefois la Taglioni, Grisi, Cerrito, Grahn, ont symbolisé leur époque, nos Fées d'aujourd'hui vont chanter la nôtre.

Dans un « Pas de Six », elles se présentent d'abord à nos yeux émerveillés, puis, chacune à leur tour dans leurs « Variations » défendant la fleur qu'elle symbolise, nous feront juges à travers leur art de nos préférences. Mais, après ce tournoi, dans une ambiance de frénésie qui en caractérise l'atmosphère de bataille, c'est dans la réunion sereine de leurs beautés que se terminera la fin de cette romantique vision. »

(Programme de l’Opéra du 18 mars 1953)

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« Variations sur la musique de Schubert, orchestrée par Tony Aubin, est une parade des étoiles féminines de l’Opéra qui paraissent tantôt en groupes d’ensemble, tantôt séparément, chacune ayant à présenter sa propre variation. L’idées est très ingénieuse, puisqu’elle permet de consacrer le genre de chaque danseuse en caractérisant sa personnalité. C’est en suivant chacune, en comprenant à quel point les valeurs des pas diffèrent suivant l’interprétation donnée par chaque artiste, que l’on saisit toutes les possibilités d’expressions de la danse. Y a-t-il deux arabesques identiques ? Trouve-t-on un développé pareil chez deux artistes même égales en valeur ? Comme on ne peut trouver deux fleurs absolument semblables sur la même tige, on ne verra pas deux étoiles de talent qui se répètent. Et cette diversité fait les délices de Variations. Le jardinier de ces fleurs chorégraphiques, Serge Lifar, est un fervent de l’arabesque qu’il cultive dans ses explications théoriques, ses leçons d’adagio, et ses créations chorégraphiques.

Rien d’étonnant à ce que le jeu des arabesques, dont chacune a son expression et son dessin propres, constitue une des caractéristiques des Variations.  

Ce ballet romantique commence par une apparition d’ensemble avec des pirouettes, des renversements, des dessins composés de groupes à trois, à quatre, puis leur disparition, tels des nuages blancs qui laissent la scène vide. Une à une, elles réapparaissent comme solistes et se regroupent en nombre divers pour ne laisser de nouveau qu’une seule danseuse à laquelle vers la fin d’autres vont se joindre. C’est comme un jeu d’oiseaux qui s’envolent, qui reviennent, ou la cascade des eaux combinée par un architecte. On subit toujours l’ascendant de ce jeu pur exécuté par des talents si différents qui composent un bouquet d’ensemble même en se prodiguant séparément – toutes sont sorties du même réseau et c’est ainsi qu’on sent profondément l’unité dans la variété – sentiment délicieux et réconfortant. Nous les reconnaissons, sans même regarder leurs visages car chaque mouvement révèle leur individualité.

Peut-on ne pas remarquer la brillante virtuosité de Lycette Darsonval qui se joue des difficultés techniques ? Peut-on ne pas reconnaître le mouvement large et aisé d’Yvette Chauviré, son bras un peu plus long que celui des autres, ce qui lui donne son expressivité personnelle, son geste majestueux et élevé ? Peut-on rester insensible à ce dessin impétueux, à cet élan large et concentré, à ce fond de vraie passion de nymphe qui lui est propre ?

Nous suivons une à une les étoiles paraissant sur le plateau, notant avec satisfaction ce que chacune apporte avec elle d’individuel, d’irremplaçable.

Liane Daydé nous offre sa grâce enfantine et sa technique précise. Claude Bessy brille par sa beauté blonde et son mouvement voluptueusement arrondi. Madeleine Lafon est éblouissante de brio, Vaussard d’une musicalité rare. Après Vyroubova, la nouvelle étoile, Josette Amiel, possède autant de charme que de présente scénique.

Elles s’envolent, elles apparaissent à trois, à quatre, se lient, se défont, tressent des dessins vivants, puis, seules devant la rampe, se livrent à une frénésie de création, instant palpitant qui fait naître un monde, car aucune réussite ne se perd dans cet univers étrangement éternel et éphémère.

Variations est un ballet délicieux qui ne se laisse pas décrire dans son changement perpétuel, mais dont la gamme nous est foncièrement précieuse dans sa variété inépuisable.

A la création, en 1953, ce pas de six, réglé par Lifar sur les Moments Musicaux de Schubert, et composé à la manière du fameux pas de quatre de 1845, était dansé par six étoiles symbolisées par des fleurs différentes piquées au corsage et sur le long tutu blanc. Maintenant premières danseuses et étoiles se partagent les rôles réglés par Lifar pour mettre en valeur les qualités propres à chaque ballerine. »

Serge Lifar rénovateur du ballet français par Jean Laurent et Julie Sazonova, Buchet/Chastel Corrêa, Paris, 1960 (pp. 184-186)