L’Oiseau de feu

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Première : le 7 avril 1954

Musique : Igor Stravinsky

Argument (ou livret) : Michel Fokine

Décors et costumes : Georges Wakhevitch

Direction musicale : Louis Fourestier

Principaux interprètes : Youly Algaroff (le Prince), Serge Lifar (Kastcheï), Christiane Vaussard (la Princesse), Nina Vyroubova (l’Oiseau)

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« Ce n’est qu’en 1954 que Lifar donna de L’Oiseau de Feu une nouvelle version chorégraphique dont Wakhevitch fit les décors et les costumes. Dans la chorégraphie de Fokine, un seul rôle était purement classique : celui de l’Oiseau de Feu, empreint d’un mélancolique et noble lyrisme. La Princesse ne dansait même pas sur pointes, et les autres personnages du ballet s’exprimaient plutôt en pantomime.

La nouvelle chorégraphie de Serge Lifar, de style néo-classique, est beaucoup plus dansante. Ici, la danse reprend la première place après la musique de Stravinsky et les féeriques décors de Wakhevitch. Christiane Vaussard était la Princesse, Algaroff : le Prince, Kastcheï, à la première représentation fut Lifar et par la suite Max Bozzoni, tandis que Nina Vyroubova tenait le rôle de l’Oiseau presque entièrement remanié par Serge Lifar dans le style du nouveau classicisme, avec introduction des positions sixième et septième, permettant un plié avec le corps incliné et flexible. Nina Vyroubova usa de ces nouveaux moyens avec une virtuosité qui conféra au rôle de l’Oiseau – l’un des meilleurs de son répertoire – un caractère très différent aussi bien de l’image créée par Karsavina que celle des premières interprètes qui l’avaient repris.

Dans les contes russes, L’Oiseau de Feu est une demi-divinité qui pouvait être dangereuse, mais, dominée par le Prince Ivan, devenait bienfaisante. Karsavina était touchante lorsqu’elle se trouvait prise dans le filet d’Ivan. Vyroubova soulignait la nature sauvage de l’Oiseau divin qui, dans l’adagio, loin de se soumettre, luttait désespérément. Sautant les bras abaissés, face à face avec Ivan, il échappait encore. Les pliés en sixième position aux jambes liées, les arabesques inclinées jusqu’au sol, le renversement du corps de l’Oiseau, se débattant entre les mains du Prince qui le tournait après avoir rattrapé dans la course, devenaient très expressifs. Enfin, la soumission de l’Oiseau vaincu qui fait don de sa plume magique pour obtenir la liberté, chacune des étapes successives de l’action était marquée par le changement des évolutions chorégraphiques. Les piqués des pointes d’acier de Vyroubova, les pas de bourrée évoquant le vol de l’Oiseau, la souplesse de son corps ployé, les mains parlantes, le pas décalé de l’Oiseau captif, et l’angoissant vol à travers la scène pour échapper à la capture, composaient une vision dramatique du prisonnier ailé qui reprenait sa liberté avec une grâce souveraine. La nature divine de l’Oiseau solitaire et sauvage s’affirmait dès sa première apparition dans l’ombre du feuillage où il voletait, s’étirait, avançant le pied, s’inclinant bas, les bras en arrière tels des ailes ployées, se tournant en arabesque.

La scène du second tableau avec les danses de la Princesse prisonnière de Kastcheï et de ses compagnes, leur jeu de ballon, le duo lyrique de la Princesse et d’Ivan dans le style de la ronde russe, servait d’introduction au tableau de la forêt magique avec les bonds impressionnants de Kastcheï sortant du creux d’un vieux chêne, la danse menaçante de ses serviteurs, la capture d’Ivan, son évasion et l’apparition libératrice de l’Oiseau. Par la puissance de sa magie, il faisait sautiller tout le monde, y compris Kastcheï lui-même qui perdait sa force. Au milieu du cercle des serviteurs fatigués par leurs bonds, l’Oiseau dansait sa berceuse divine, suite ravissante de mouvements lents, inclinaisons du corps en tournoiements légers, changements de pieds, pas de bourrée en tournant, la jambe se levant en développé à droite et à gauche, mouvant les bras, les ailes, faisant descendre le sommeil sur les visiteurs de Kastcheï qui lui-même somnolait debout. Ivan apportait l’œuf qui contient la vie de Kastcheï. Et le pas d’action, la lutte entre le sorcier qui s’emparait de l’œuf, et Ivan qui tâchait avec l’aide de l’Oiseau de le lui reprendre, se terminait par la victoire d’Ivan, brisant l’œuf, et la mort de Kastcheï… La forêt disparaissait, remplacée par le château et l’église, d’où sortait le cortège nuptial d’Ivan et de la Princesse, salué par leurs sujets agenouillés. »

 

Serge Lifar rénovateur du ballet français par Jean Laurent et Julie Sazonova, Buchet/Chastel Corrêa, Paris, 1960 (pp. 186-188)