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Ballet en 2 actes et 10 épisodes
Première : le 28 décembre 1955
Musique : Serge Prokofiev
Argument (ou livret) : Serge Prokofiev et Lavrosky
Décors et costumes : Georges Wakhevitch
Principaux interprètes : Jean-Paul Andréani (Paris), Raoul Bari (Mercutio), Robert Blanc (le père de Juliette), Max Bozzoni (Thibalt), Liane Daydé (Juliette), Paulette Dynalix (la Nourrice), Raymond Franchetti (Benvolio), Serge Lifar (Frère Laurent), Manuel Parres (le Duc), Michel Renault (Roméo), Rita Thalia (la Mère de Juliette)
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« L’ouvrage a été conçu sur la base de la chorégraphie classique telle qu’elle se présente actuellement, enrichie de toutes les innovations introduites au cours du dernier quart de siècle, de sorte que les scènes mimées et les gestes explicatifs en sont absents.
Suivant la conception de Serge Lifar, la scène s’ordonnait sur plusieurs plans, ce qui permettais de réaliser plusieurs tableaux en deux décors. Le rideau de l’avant-scène portait écrit dans le bas, en gros caractères : VERONA, comme si nous arrivions dans la ville. A gauche, un rideau blanc cachait la chambre de Juliette (Liane Daydé). Sur la scène, on pouvait imaginer tantôt la salle du palais des Capulets où avait lieu le bal, tantôt la place publique où dansaient les couples de paysans et se rencontraient les Montaigus et les Capulets. Des deux côtés de l’avant-scène, deux hautes tourelles délimitaient les édifices princiers qu’on apercevait au fond et qui laissaient entre eux une place restreinte d’où un escalier aux larges marches descendait sur le devant. Tout au fond, on voyait une passerelle, qui réunissait les maisons et que traversaient de temps à autre divers personnages, parmi lesquels des moines. Cette variété de plans avec des fenêtres où paraissaient des figurants, des portes à des hauteurs différentes d’où sortaient des personnages, des balcons où se tenaient des femmes, était sciemment exploitée pour donner l’impression de la vie ininterrompue d’une petite ville, concentrée autour de deux clans ennemis. Les mouvements variés des danseurs, les lumières qui s’allumaient, les flambeaux qui brillaient entre les mains des serviteurs à tous les étages des tourelles, les lustres qui descendaient devant nous pour transformer la place publique en salle de bal – belle et ingénieuse trouvaille – tout cela frappait les sens et tenait en suspens l’attention du spectateur. A droite de la scène se trouvait le cloître.
Dans cette œuvre de pure chorégraphie, Serge Lifar avait réussi à exprimer de la façon la plus directe sa pensée dominante : la résurrection prive la mort de son aiguillon.
Cette idée ne l’avait jamais quitté depuis ses débuts. Mais dans Icare et Alexandre le Grand, la résurrection prenait l’apparence de la gloire. Il n’en est plus de même dans ses derniers ballets : Les Noces Fantastiques se terminent par la prière que l’homme rejeté par les vagues adresse à Dieu. Roméo et Juliette affirme l’impuissance de la Mort en face de l’homme capable d’amour. Le public, profondément ému, éclatait en applaudissements enthousiastes même au cours du ballet.
L’interprétation des principaux rôles était remarquable. Liane Daydé semblait descendre d’une toile de Filippino Lippi. Par la pureté de sa technique et ce lyrisme si tendre, si proche encore de l’enfance, cette jeune Étoile possède ce privilège de conférer une vertu plastique à des figures qui n’ont jusqu’ici vécu que dans l’imagination des poètes, des musiciens et des chorégraphes. Déjà physiquement, elle est la Juliette rêvée. Elle paraît traduire le langage de l’âme en incarnant la touchante héroïne de Vérone avec une grâce juvénile. »
Serge Lifar rénovateur du ballet français par Jean Laurent et Julie Sazonova, Buchet/Chastel Corrêa, Paris, 1960 (pp. 199-200, 205)