Oriane et le Prince d’Amour

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Ballet en 2 actes

Première : le 7 janvier 1938 à l’Opéra de Paris

Musique : Florent Schmitt

Argument (ou livret) : Mme Claude Séran

Décors et costumes : Pedro Pruna

Direction musicale : Philippe Gaubert

Principaux interprètes : Lycette Darsonval (Oriane), Paulette Dynalix, Henriette Grellier, Geneviève Kergrist et Jacqueline Simoni (les Suivantes), Nicolas Effimoff (le Bouffon), Paul Goubé (le Marchand mongol), Lucien Legrand (la Mort), Serge Lifar (le Prince d’Amour), Serge Peretti (le Poète)

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« La scène se passe en Avignon au XIVe siècle. Oriane réunit autour d’elle une cour d’amour. Nous y voyons les jeux du Jongleur, puis le Poète et le Marchand Mogol. Oriane curieuse d’amour ne connaît que des caprices fugitifs. Toutes les formes de la volupté l’entourent et vers toutes elle est attirée. Le Bouffon interroge les tarots devant Oriane ; les cartes annoncent l’arrivée de l’Amour. Le Prince d’Amour entre casqué et visière baissée, Oriane l’accueille émerveillée et craintive pour la première fois. Mais une coupe est brisée, à la place où elle tombe, une tache de sang apparaît et tout le passé surgit avec elle. Le Prince s’écarte avec horreur. Oriane défend son premier, son unique amour… le Prince s’éloigne sans tourner la tête. C’est le jour de la Fête des Fous, ils envahissent la scène, un Fou se détache de la horde, un violon à la main, il invite Oriane puis subitement relève sa cagoule : c’est la Mort ! Oriane tombe sous son étreinte. Le Bouffon sanglote, le Prince d’Amour, suprême pensée d’Oriane, apparaît et la lune se dégage de l’ombre d’un cyprès et monte dans le ciel. »

L’Art musical, 28 janvier 1938, p. 430

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« La réalisation d’Oriane a été particulièrement délicate et m’a posé un problème ardu, quoique passionnant ; il s’agissait en effet, de vivre l’œuvre de Florent Schmitt, de la sentir dans ses moindres nuances, jusqu’à ce que des émotions dansantes naissent en moi, provoquées par la musique, parallèles à la musique. Quelquefois je me heurtais à des obstacles insurmontables, car la musique ne possède pas nécessairement un équivalent chorégraphique, et la danse ne peut pas exprimer tout ce qu’exprime la musique (d’ailleurs la réciproque est souvent vraie).

La critique, unanime, a chanté les éloges de la partition d’Oriane, tout en regrettant – rarement, à vrai dire – son défaut de possibilités chorégraphiques. Mais, dans tout ce concert, y avait-il une seule voix capable de se rendre compte des difficultés réelles que présente la partition de Florent Schmitt pour le choréauteur et les interprètes ? J’en doute, car seul un technicien pouvait les apprécier.

La divergence entre la musique et la danse était parfois tellement flagrante que j’étais obligé d’inventer des rythmes à moi, brodés sur ceux du musicien et coïncidant avec eux. De ce fait, une double tâche s’est imposée aux interprètes : d’abord, il leur a fallu apprendre, mesure par mesure, la musique de Florent Schmitt ; ensuite, retenir mes propres rythmes, le tout étant lié à une exécution fidèle du canevas chorégraphique à proprement parler. »

Serge Lifar, Le livre de la danse, Les Editions du Journal Musical Français, Paris, 1954 (pp. 162 et 171)