Les Créatures de Prométhée

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Ballet en 2 actes

Première : le 30 décembre 1929 à l’Opéra de Paris

Musique : Ludwig van Beethoven

Argument (ou livret) : Chantavoine et Lena

Décors et costumes : François Quelvée

Direction musicale : Joseph-Eugène Szyfer

Principaux interprètes : Cérès (Terpsichore), Lucienne Lamballe (l'Amour), Serge Lifar (Prométhée), Suzanne Lorcia (la Mort), Serge Peretti (l'Homme), Olga Spessivtzeva (la Femme)

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« Lifar raconta que lors de son entretien avec Rouché, il accepta de créer le rôle de Prométhée, mais déclina l'offre de composer le ballet. Rouché proposa alors de confier cette tâche à Leo Staats. Lifar refusa, de même qu'il écarta la candidature de Nijinska. Il proposa finalement d'inviter Balanchine, dernier chorégraphe avec qui il avait travaillé chez Diaghilev. Rouché accepta, et ce fut Lifar qui présenta un jour Balanchine à la troupe de l'Opéra.

Le sort voulu que Balanchine soit tombé malade et ait dû abandonner son activité au début des répétitions. Et Serge Lifar eut désormais à assumer la tâche non seulement d'incarner, comme il était prévu, le séduisant personnage du ballet, mais aussi d'en créer la chorégraphie. Bien que son expérience se limitât à une seule œuvre, Renard de Stravinsky, Lifar accepta cette écrasante responsabilité avec toute la fougue de sa jeunesse. Rien ne put l'arrêter dans son ardeur, même les conseils de son entourage, qui le conjurait de refuser sous prétexte que le thème portait malheur à ses réalisateurs. On lui citait l'échec de Vigano, à Vienne, l'accident de Karsavina à Londres et, finalement, la maladie de Balanchine. Lifar resta sourd à ces avertissements et se moqua des superstitions. Le sujet l'avait fasciné et le personnage de Prométhée l'inspira d'autant plus qu'il se réjouissait à la pensée de le concevoir d'une façon tout à fait personnelle. En effet, contrairement à tout ce qui avait été fait, le Titan, bienfaiteur des humains, devenait, chez Lifar, le personnage central. C'était son état d'âme, c'était son émotion personnelle qui constituaient le sujet principal et s'exprimaient devant les spectateurs. »

André Schaikevitch, Serge Lifar et le destin du Ballet de l'Opéra, Editions Richard-Masse, Paris, 1971, p. 37

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« Mon ballet des Créatures de Prométhée fut conçu, à de rares exceptions près, dans le style de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Seule, la personnalité de Prométhée se détache sur ce fond, nette, puissante, dotée d’un dessin chorégraphique particulier, tel que j’ai cru le deviner, le lire entre les portées de la partition de Beethoven. Mon interprétation se heurta à une opposition vigoureuse des librettistes qui refusèrent de signer leur argument. Ils avaient voulu, en effet, rétablir le ballet tel qu’il avait été conçu par Vigano, lequel avait fait de Prométhée un comparse et accordé un rôle prépondérant à ses créatures. Je pensais tout le contraire et reconnais honnêtement que mon ballet serait davantage Prométhée et ses Créatures que Les Créatures de Prométhée. »

Serge Lifar, Le livre de la danse, Les Editions du Journal Musical Français, 1954, p. 149

 

« Ce ballet fut, en quelque sorte, une synthèse des tendances dites « diaghileviennes », des traditions académiques (grand Corps de ballet) et de ma propre conception de la danse. J’y travaillais avec ardeur, toute découverte m’était une joie ; c’est ainsi que j’ai introduit une variante nouvelle des doubles tours en l’air, pendant lesquels les jambes se repliaient et se croisaient, après quoi je retombais sur le genou ; une autre variante consistait à passer, en l’air, de la position verticale à l’horizontale, pour retomber sur les mains ou sur le côté. De façon générale, j’y ai utilisé très largement les croisements de jambes, esquissés déjà dans Renard, innovant, par exemple, dans le rôle de Prométhée, une pirouette, suivie d’un grand fouetté que je terminais dans une pose accroupie, les jambes croisées devant moi et ainsi de suite. […] J’ai créé Prométhée pour ainsi dire en égoïste, choréauteur-danseur tout court, reportant davantage mon attention sur mon propre rôle que sur celui de mes partenaires et du Corps de ballet. »

Serge Lifar, La Danse, Editions Gonthier, Genève, 1965