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Première : le 3 janvier 1960 à l’Opéra de Monte-Carlo
Musique : Maurice Thiriet
Argument (ou livret) : André Boll et Serge Lifar, d’après l’Othello de Shakespeare
Décors et costumes : d’après Patrice Jordan
Interprété par : Sonja Van Beers (Desdémone), Billy Wilson (Othello) et le Het Nederlands Ballet
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« La saison chorégraphique de Monte-Carlo vient de s’achever en apothéose par une création d’une très haute qualité : celle d’un ballet de Serge Lifar intitulé Le Maure de Venise, qui a obtenu un succès triomphal. C’est, en effet, une réussite complète dont tous les éléments constitutifs sont sans défaut. Un scénario sobre et clair, signé Lifar et André Boll, résume en trois scènes caractéristiques le drame passionnel qui bouleverse l’être violent et primitif qu’est Othello. Il s’agit moins, dans ce ballet psychologique, d’une banale crise de jalousie physique que du paroxysme de la tendresse désespérée d’un amant éperdu qui voit s’écrouler tous les rêves qui étaient sa seule raison de vivre et qui ne voit pas d’autre issue que la mort à cette tragédie du cœur.
Musicalement, ce sujet a inspiré à Maurice Thiriet une partition admirable où ses dons de vrai musicien s’épanouissent à l’aise. Sincère, directe, constamment lisible, construite avec une science et un goût infaillibles et s’adaptant miraculeusement à la technique de la danse, elle a assuré à Lifar un « support » mélodique et rythmique d’une sensibilité, d’une richesse et d’une variété inépuisables. Elle constitue un centre d’émotion d’une radio-activité prodigieuse.
Autre libéralité du destin : le Nederlands Ballet a fourni à Lifar pour incarner Le Maure de Venise un interprète idéal. Il s’agit de Billy Wilson, un authentique danseur de couleur dont les précieuses vertus raciales font merveille dans ce personnage. La beauté, la souplesse et la noblesse naturelles de son corps, l’autorité et l’aisance « animales » de ses gestes et de ses attitudes donnent à cet Othello un relief et une « présence » irrésistibles.
Enfin, l’invention chorégraphique de Serge Lifar galvanise magnifiquement ce sujet pathétique. Lifar est le seul chorégraphe vivant – je pèse mes mots – qui possède le privilège de vivifier le vocabulaire de la danse pure par la force expressive qu’il communique aux enchaînements des « pas » classiques, sans recourir jamais à l’anecdote ou à la littérature. […] Lifar qui veut qu’on le regrette nous a donné là un véritable chef-d’œuvre d’émotion profonde. Son nouveau ballet demeurera la grande révélation de la saison. »
Serge Lifar rénovateur du ballet français par Jean Laurent et Julie Sazonova, Buchet/Chastel Corrêa, Paris, 1960 (p. 228)