La période Suisse (1981-1986)

Les archives de Lifar à Lausanne

Au début 1986, près d’un an avant son décès, Serge Lifar, qui a installé ses quartiers à Lausanne, cède aux Archives de la Ville de Lausanne une somme considérable de documents, d’affiches, de coupures de journaux, de contributions à des revues spécialisées de la danse et des arts: le 26 février, lors d’une manifestation publique, Serge Lifar remet officiellement à sa ville d’adoption 38 caisses, 32 cartons, 112 tableaux peints durant son séjour à Cannes entre 1970 et 1975, ainsi qu’une valise de documents qui ne représentent au total pas moins de 7 m3: «Ces archives sont d’une importance extrême pour la connaissance de la personnalité du chorégraphe avant 1950, car elles appartiennent principalement à une époque où le document médiatique et filmique n’était pas très répandu, relève alors l’archiviste Gilbert Coutaz: «La mémoire pour Lifar, c’est une parade à l’oubli, c’est la preuve d’exister et de faire reconnaître une vie passionnément, fièrement et énergiquement vouée à la danse».

 

Médaille d’or

Dans les années 50, Serge Lifar s’éprend de la Comtesse Lillan Ahlefeldt-Laurvig. Il vivra pendant 30 ans à ses côtés à Cannes, puis en Suisse dès 1981, à Glion, sur les hauteurs de Montreux, et à Lausanne, où il reçoit en 1985 la Médaille d’or de la Ville. C’est à Lausanne qu’il avait souvent rendu visite à sa grande amie Coco Chanel. A Paris, la «reine de la mode» ne manquait pas une seule de ses premières. Plus tard, elle l’invitera régulièrement à La Pausa, son domaine de Roquebrune-Cap-Martin, et dans sa propriété du Signal de Sauvebelin, sur les hauts de Lausanne.

 

Tombeau Serge Lifar

Cimetière orthodoxe

Atteint d’un cancer, Serge Lifar décède à Lausanne le 15 décembre 1986.
Morte au Ritz, à Paris, Coco Chanel se fera enterrer à Lausanne. Serge Lifar fera le contraire: mort dans un palace lausannois, il se fera enterrer à Paris. Son dernier regard sera pour un groupe de cygnes battant l’eau de leurs ailes en ultime ballet.

Dans ses dernières volontés, Serge Lifar émettra le vœu d’être enterré au cimetière orthodoxe de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans la banlieue parisienne. Ce sera chose faite le 19 décembre 1986 après une émouvante cérémonie à la cathédrale Saint-Alexandre Nevsky, à Paris. Lys blanc à la main, le corps des élèves danseuses compose une haie d’honneur, tandis que le cortège funèbre s’arrête un instant sur le parvis de l’Opéra, où un chœur russe fait retentir ses chants célestes.