Lillan Ahlefeldt-Laurvig, sa compagne

Serge Lifar

Depuis que tu as quitté la scène terrestre pour un monde que j’ignore mais où tu as sûrement trouvé une place à la mesure de ton aura, je ressens chaque jour le désir de t’exprimer ma reconnaissance pour le privilège que tu m’as donné de m’avoir fait partager trente ans de ta vie, passés comme un moment irréel et fugitif. Au-delà des émotions intenses apportées par ton art, et de son rayonnement dans le monde, j’ai apprécié plus que tout autre la diversité de ta personnalité: ton âme sensible et généreuse, dans la vie privée comme dans la vie publique, et la noblesse de ton cœur planant au-dessus des mesquineries humaines. Peu avant ton ultime départ, je n’oublierai jamais les paroles murmurées avec tant de douceur et de courage:
«Je n’ai pas peur de mourir
Je n’ai jamais spéculé
J’ai seulement aimé!»
Très cher Serge, dans l’ombre ou la lumière, tu fus toujours un grand seigneur.

Serge Lifar, Les mémoires d’Icare, 1989

 

Emission Kiev – en mémoire de Serge Lifar, France Inter, 1994 :